Prèz de Djinn d'Orient

Je suis trapu, solide mais néanmoins souple, et vif. Mon pelage est très court, du à mon pays d'origine, où le soleil tape fort et où il ne gèle jamais. Il est brun clair, strié de rayures foncés. Mon ventre est tout à fait blanc. J'ai des yeux verts, teintés de brun. J'ai parfois l'air d'une proie facile, vu de dos. Place-toi en face de moi et tu croiras vite l'inverse. Mon passé controversé m'a laissé des traces ineffaçables. Ces marques témoignent et suffisent à elles seules pour ne pas me sous-estimer. Mes griffes sont plus courtes que celles des chats de la forêt, mais elles sont toujours bien aiguisées.

Je sursaute au moindre bruit suspect. Ça ne fait pas de moi un peureux, loin de la ! J'ai appris à toujours être sur mes gardes. Rien ne prédit son arrivée, et mieux vaut être paré à toutes éventualités. Mon caractère est difficile à cerner. Je garde très difficilement mon sang-froid, projetant tout mon être dans la bataille, quelle soit verbale ou physique. Je ne garde pas ma langue dans ma poche, mais je sais être silencieux quand il le faut. La sereinité me fait donc souvent défaut, et c'est pour ça que j'essaye de me calmer, et d'être en harmonie avec mon esprit. Pour moi, le Clan des Etoiles n'est qu'un mot comme un autre pour désigner la paix intérieur. C'est une cause tout aussi juste, et je la défends avec la même ardeur que celle de mes camarades.

Un fracas assourdissant vient perturber ma sieste. Une porte d'entrée soufflée s'écrase brusquement près de moi, à moitié réduite en cendres. Je saute sur mes pattes, paniqué. Des cris se mêlent aux explosions, des personnes se mettent à courir dans tous les sens. Levant la tête, je vois le ciel d'ordinaire si bleu complètement voilé, déchiré en toutes parts par des avions de guerre. Avec terreur je détale hors de la ville fumante, zigzaguant entre les mines et les blessés. Un débris me heurte au poitrail, dessinant une longue estafilade sanguinolente. Le sable s'incruste dans mon pelage si propre, et me pique horriblement aux yeux. Je cours sans m'arrêter, fonçant presque tête baissée vers l'inconnu.

Après ce qui me semble une éternité, je n'entends plus les hurlements ni les bombardements. La nuit est tombée, tel un manteau d'ombres qui englouti tout. Je ne sais pas où je suis. Rien ne m'indique comment m'orienter. Je lève désespérément le museau vers les étoiles, mais celles-ci se contentent de briller, comme elles le font si bien. Le vent se lève, faisant tourbillonner des grains de sable. Le désert..d'habitude si loin, mais pourtant horriblement proche. Et me voila en plein dedans. Un endroit vide, où tout se passe en cachette. Les alizés assèchent ma gorge, j'ai faim et je tremble de froid. Pourtant, une lumière lointaine m'appelle. Je me remet debout et marche vers elle, subjugué.

Je reconnais la une ville. Bien plus grande que celle que je viens de quitter, mais tout aussi bruyante. Ce ne sont pas les explosions qui en sont responsables. Ce qui semble être de la musique résonne contre les murs, des bipèdes dansants se tortillent dans les rues. Je reste assis, attendant. Une ombre se profile soudainement derrière moi. Un choc m'envoie au pays des ténèbres.

J'ouvre les yeux. Du vert, du rouge...Que des couleurs qui me sont étrangères. Une voûte végétale m'abrite de la pluie. La pluie ! Chose totalement impensable pour moi. Où suis-je ? Où est passé le sable, les dunes, la ville et tous ces bipèdes ? Je jette un regard en arrière. De grandes maisons en briques forment le paysage. Devant moi s'étend un rassemblement d'arbres feuillus et gigantesques. Je m'avance, nerveux.